Archipel c’est un spectacle hybride qui va se dérouler au Théâtre National Populaire de Villeurbanne du samedi 6 au dimanche 14 novembre.
Dans ce spectacle qui mêle le skateboard, le parkour, la trottinette, la danse et le théâtre, on assiste à une vraie prouesse de la part du metteur en scène Nicolas Musin qui a réussi (non sans quelques prises de tête) à discipliner nos riders lyonnais préférés et à les laisser dévoiler leurs talents artistiques.
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Depuis plusieurs semaines maintenant, la salle Roger Planchon du TNP de Villeurbanne est investie par des rampes de toutes tailles et chacune plus intimidantes les unes que les autres.
Mais pas pour Baptiste Bordier qui se déplace de modules en modules avec une aisance indécente sur le rythme de la musique et des bruits de planches de ses coéquipiers Florian Maillet, Théo Dabadie, Camilo Payeres, Jeremy Moreau et Romane Panossian.
Le spectacle a été créé de toute pièce par les riders, sous la direction attentive de Nicolas Musin, metteur en scène et ancien danseur de ballet. En effet, Monsieur Musin a l’habitude de travailler avec des riders, ayant déjà réalisé un spectacle dans un skatepark à Genève et d’autres projets autour de la culture urbaine. Depuis plusieurs années il s’est découvert une passion pour la culture skate qu’il trouve étonnement très proche de celle de la danse. Notamment grâce à son ami Chris Haslam (skateur professionnel canadien) avec qui il a nourrit cette réflexion, Nicolas Musin voit le skateur comme un « travailleur », à répéter les mêmes gestes et même mouvements encore et encore, comme une chorégraphie.
Il se compare même au skateur en disant qu’il a le même mode de travail. Ce qui est intéressant mais qui parait encore un peu flou pour certains riders d’Archipel qui ont parfois du mal avec la rigueur et la précision dont nous parle le metteur en scène.
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Archipel est un spectacle touchant, aussi bien par le propos des comédiens mais aussi par l’aspect artistique des skateurs chez qui on découvre une toute nouvelle sensibilité. On les voit évoluer sur scène avec une grâce et un jeu très juste. Encore et toujours c’est Le PleasureLove (Florian Maillet) qui nous épate avec des mouvements et une technique de scène époustouflante. C’est une révélation aussi bien pour l’équipe que pour le metteur en scène lui-même, qui nous confie lors d’un bref échange entre deux répétitions qu’il a trouvé en lui une perle rare et qu’il souhaiterait continuer de collaborer avec lui à l’avenir.
Dans ce spectacle, nous pouvons retrouver des extraits du roman Les Villes Invisibles d’Italo Calvino. Ce roman est un dialogue imaginaire entre Marco Pollo et Kublai Khan et une réflexion sur les villes modernes. Nicolas Musin nous explique qu’il a choisi cette œuvre car, à la façon du rider, il essaie de voir la ville d’une autre manière, toujours à la recherche de nouveaux spots, à l’affut du moindre street gap, avec les yeux grands ouverts. C’est aussi une réflexion sur l’urbanisme, sur la transformation des villes. Il utilise les termes « zones d’errance, de perdition, de drame » en nous parlant de l’atmosphère du spectacle. Il voit ce texte comme la représentation d’un chaos total et c’est ce qu’il a essayé de retranscrire sur scène avec son équipe. Et le pari est réussi, les figures s'enchaînent dans tous les sens, chacune plus impressionnante les unes que les autres. Tout ceci accompagné de musique qui vient rythmer les déambulations des riders pour créer un voyage impressionnant et émouvant.
(👉Retrouver le Wikipédia du roman ici 👈)
Si vous êtes attirés par l’alliance de plusieurs disciplines telle que la danse contemporaine et la culture urbaine, ce spectacle est fait pour vous, laissez-vous tenter.